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VOIR AUTREMENT Philippe Balin, l'Harmattan

S’adapter à un monde contemporain fluctuant et parfois dangereux est un jeu difficile, aussi bien pour les individus que pour les entreprises. Que dire alors des personnes souffrant d’un handicap qui nécessite une lutte de tous les instants, dès le premier jour ? Pour Philippe Balin, au lieu de plomber une existence, celui-ci peut devenir un stimulant formidable dès lors que ceux qui en souffrent ont la volonté de surmonter leurs difficultés. Il est alors un facteur de créativité qui s’avère bénéfique. Philippe Balin en est l’exemple. Il semble s’être construit autour de la nécessité de revendiquer sa part de plaisir, de joie et de larmes, ni plus, ni moins que les autres, et à commencer par celle qui résulte du fait d’avoir trouvé sa place parmi une communauté humaine. Pour lui, la vie ne vaut d’être vécue que sur la base de cette égalité vitale qui permet de trouver sa propre voie.

Sa vie, justement, est un parfait exemple de cette lutte salutaire : handicapé visuel dès l’âge de 4 ans, puis aveugle à 14, il s’est battu pour suivre des études dans les mêmes établissements que ceux de ses camarades voyants car, rappelle-t-il, si les handicapés bénéficient d’institutions spécialisées, celles-ci ne peuvent en aucune façon leur garantir qu’ils occuperont la place correspondant à leurs attentes.  À l’instar des études de droit « qui mènent à tout, à condition d’en sortir », il faut impérativement quitter les écoles pour sourds ou aveugles sous peine d’y rester enfermé. Hélas, c’est là que les vrais problèmes commencent !

Et de fait, Philippe Balin a surmonté les obstacles et il a réussi dans une voie que beaucoup trouvent inaccessible. Il est devenu ingénieur, ou un « génieur », comme il le raconte, non pas pour se laisser couler dans le moule envié des directeurs d’entreprises et des nantis de nos sociétés marquées au sceau de la technologie, mais pour voir la possibilité de créer et d’apporter à ses contemporains un peu de ce génie qui résout les problèmes de tous les jours. Et, s’il a effectivement dirigé de grandes entreprises françaises, ce n’est pas plus le fait d’un aménagement particulier qui favoriserait les handicapés, que celui d’un don extraordinaire qui relèverait de la magie ou de l’exception.

Non, en guise de piolet, Philippe Balin n’avait dans sa course pour atteindre les sommets que sa détermination, et sans doute aussi une certaine idée de la réussite, une réussite qu’il reconnaît volontiers devoir à l’excellence conjuguée de ses collaborateurs. Car Philippe Balin est de la trempe des grands chefs d’orchestre, de ceux qui galvanisent les équipes pour donner le meilleur. Illustration vivante du dépassement presque obsessionnel de la limite, Philippe Balin n’a qu’un credo d’égalité et de fraternité : il n’y a ni privilège, ni interdiction susceptible d’empêcher de faire ce que d’autres font. L’évidence n’est qu’apparente car, en dépit de ce précepte républicain, il lui a sans cesse été nécessaire d’éviter de se trouver enfermé dans le statut d’handicapé, un piège incessamment renouvelé et présent à toutes les échelles de la société.

Oui, chacun est à sa place dans une entreprise qui se respecte, mais cette culture de l’efficacité à peine adoucie de bonne conscience et de charité, nous conduit à figer l’ordre social dans une hiérarchie rigide. La solution se transforme en une tare lorsque la principale préoccupation des employés est de faire « comme tout le monde », et surtout, uniquement ce que l’on attend d’eux ! Tous s’habillent et pensent de la même façon de peur de sortir d’un cadre assigné.

Or, dès le plus jeune âge, Philippe Balin expérimentait cet ordre social réducteur et cultivait sa différence. Il en a fait une richesse, qu’il a mise tout à la fois au service des entreprises qui ont eu la chance de l’employer tout en cherchant à améliorer son propre sort, et par là même, celui des personnes handicapées.

Son message d’engagement dépasse cependant le strict cadre du handicap car, au-delà de cette juste cause, il y a celle de tous ceux, hommes ou femmes, riches ou pauvres, blancs ou noirs, bien-portants ou malades, qui paient pour leur différence et peinent à trouver leur place dans ce monde difficile et complexe. Pour tous ceux-là, la lecture de l’ouvrage de Philippe Balin sera l’occasion de faire un salutaire plein d’énergie et de renforcer sa propre détermination afin de sauter les barrières que la société toute entière place devant eux et qui paraissent souvent bien artificielles et futiles aux yeux d’un non voyant.